Nous sommes Mila, Sasha, Lou-Ann, Lucie et Léonie, des éco-déléguées du collège Chape et nous aussi on se demande ce qu’est une ville durable.
On s’est d’abord dit que ça ne pouvait se faire qu’avec une forte volonté politique ! Du coup, on a voulu savoir ce que faisait notre ville pour devenir durable. Que faut-il faire pour le devenir ?
Nous avons rencontré Michèle Rubirola, Première adjointe au Maire de Marseille en charge de l’action municipale pour une ville plus juste, plus verte et plus démocratique, pour lui poser toutes ces questions.
Élèves : Comment peut-on définir « une ville durable » ?
Michèle Rubirola : Une ville durable, c’est une ville où l’humain est au centre de toutes les décisions. C’est-à-dire que tout ce qui est fait est fait en fonction du bien-être de l’humain, en tenant compte du réchauffement climatique.
Élèves : Que faut-il mettre en place pour devenir une ville durable ?
Michèle Rubirola : Les grands enjeux de notre siècle, c’est répondre aux conséquences du réchauffement climatique. Les aménagements urbains doivent y répondre. Nous avons l’ambition de réduire l’empreinte écologique de Marseille. Il faut végétaliser la ville pour faire baisser la température. Il faut des arbres car ils bonifient l’air en absorbant les particules polluantes et en les transformant en oxygène. Les végétaux contribuent à la dépollution des eaux, du sol et de l’air et ils régulent naturellement la température. Par ailleurs, ils contribuent au bien-être.
Élèves : Quelles actions sont mises en place par la Ville de Marseille ?
Michèle Rubirola : Le plus simple pour nous a été de travailler sur les bâtiments municipaux c’est-à-dire les écoles. Nous allons réaménager les cours d’école, remettre la terre au centre et végétaliser nos écoles. C’est notre premier levier d’actions. Il y a malheureusement beaucoup de choses sur lesquelles nous ne pouvons pas agir car ce sont les compétences de la Métropole.
Élèves : Quels sont les atouts de Marseille face à la transition écologique ?
Michèle Rubirola : Il y a le soleil et la mer. Nous allons mettre de plus en plus de panneaux photovoltaïques pour créer de l’électricité. La mer peut contribuer à la mise en place des énergies locales renouvelables, avec les boucles de mer par exemple. Une boucle d’eau tempérée, c’est un procédé technique utilisé dans le chauffage et la climatisation de bâtiments. Nous avons aussi le vent. Il faut s’appuyer sur les éléments naturels, la Nature peut être une alliée.
Élèves : Quels sont les freins ?
Michèle Rubirola : Les freins, c’est que nous n’avons pas toutes les compétences et nous ne pouvons pas faire tout ce que l’on souhaite. Plusieurs collectivités sont chargées d’aménager la ville. Notamment la Métropole. Par exemple, nous pouvons
réduire la place de la voiture en ville, mais pour que cela ne défavorise pas les plus pauvres, cela doit être accompagné par un développement des transports en commun. Et nous ne pouvons pas agir sur ce point car c’est la Métropole qui est en charge des transports.
Élèves : La Ville de Marseille a décroché le label européen «100 villes neutres en carbone en 2030». Qu’est-ce que ce label peut apporter à la ville de Marseille ?
Michèle Rubirola : L’Union Européenne a reconnu la volonté et les efforts de notre ville pour opérer sa transition écologique. Pour obtenir ce label, il a fallu embarquer tous les acteurs de la ville de Marseille, pour que tous ensemble, on réfléchisse à comment diminuer les émissions de carbone. Cette labellisation, c’est la récompense d’un projet porté par la municipalité avec le soutien d’une centaine de partenaires institutionnels, associatifs ou privés. C’est une victoire collective.
Élèves : Que va mettre en place la ville ?
Michèle Rubirola : Nous allons poursuivre l’action municipale déjà engagée, avec le soutien de la Métropole et de nos partenaires. Nous allons végétaliser les espaces urbains, les parcs et les écoles. Nous allons rénover des bâtiments et des équipements publics de la ville. Nous allons lutter contre la pollution de l’air et protéger la biodiversité terrestre et marine. Et puis, bien sûr, la question des transports. Il faut changer la façon de se déplacer dans notre ville. Les marseillais sont encore beaucoup attachés à leur voiture, il faut favoriser “les mobilités douces”.
Élèves : Prenez-vous exemple sur d’autres villes ?
Michèle Rubirola : Oui, nous regardons ce qui est fait ailleurs. La ville de Grenoble, par exemple, qui a un maire écologiste. Même si Grenoble est une ville différente. Elle est dans une zone montagneuse, mais c’est une ville plate entourée de montagnes. Nous, la difficulté à Marseille, c’est qu’il y a plein de collines. Le terrain n’est pas le même et certains aménagements sont plus difficiles à mettre en place. Pour revenir à la question, oui, nous nous inspirons des autres villes. Strasbourg et Paris ont beaucoup fait pour la transition écologique. Il faut reproduire les bonnes pratiques.
Comment imaginez-vous Marseille en 2030 ?
Michèle Rubirola : Si on ferme les yeux, déjà, on voit des arbres sur le Vieux-Port. Des jardins sur dalle, c’est un nouvel univers marseillais, vert ! Avec moins de voitures, un tram qui part du centre ville et va à l’Hôpital Nord. Voilà, le « Marseille » de demain ! Avec plus d’accès à la mer aussi.
Élèves : Et vous, avez-vous une question à nous poser ?
Michèle Rubirola : Qu’est-ce que vous avez envie que l’on mette en place pour vous ? Quel est votre vœu le plus cher ?
Élèves : Alors, oui, plus de verdure dans la ville, réduire les voitures. Il faut lutter contre la chaleur car il fait très chaud à Marseille ! On pourrait mettre des ruisseaux dans Marseille. D’ailleurs, en dessous de Sakakini, il n’y a pas une rivière ?
Michèle Rubirola : Il y a le Jarret et les Aygalades, aussi.
Élèves : Je crois que dans certaines villes, ils ont fait sortir des sources d’eau pour mieux aménager la ville , c’est une bonne idée, non ?
Michèle Rubirola : Oui, c’est une bonne idée. C’est très bien de nous donner des idées. Il faut que tous ensemble, nous arrivions à changer Marseille car c’est une des plus belles villes du monde et que c’est une terre d’accueil. Il faut que Marseille prouve qu’on est capable de tous bien vivre ensemble à l’époque du réchauffement climatique.