Hana vous invite à découvrir « La Popote à Pépé », une série de web-reportages qui part à la rencontre de paysans nés avant les années 1940 pour leur faire parler de leur vision de leur métier et de son évolution. Pour écrire cet article, elle a rencontré Justine Bonnery, la réalisatrice qui nous plonge dans un monde agricole sur le point de disparaître…
L’agriculture demeure un pilier essentiel dans les métiers de l’alimentation, malgré les défis économiques et climatiques auxquels elle est confrontée. Au fil des décennies, ce métier a subi diverses transformations, mais les agriculteurs ont su s’adapter et persévérer grâce à leur amour du terroir. Pour en savoir plus sur ces évolutions, j’ai rencontré Justine Bonnery, photojournaliste réalisatrice spécialisée dans les domaines de l’agriculture, qui réalise une série de web-reportages sur la vie des paysans nés avant 1940, pour son blog « La Popote à Pépé ».
Un métier né de la passion
Avec une arrière-grand-mère qui avait une ferme, Justine a développé dès son enfance un profond intérêt pour l’agriculture, l’alimentation et la ruralité. Plus tard, un parcours atypique l’a finalement conduite à poursuivre des études à l’école de Journalisme d’Aix-Marseille. C’est là, dans les locaux de l’EJCAM, que Justine a pris la décision de marier ses deux passions : le journalisme et l’agriculture. En 2015, naît “La Popote à Pépé” !
“Un jour, quelqu’un m’a dit « si le métier de tes rêves n’existe pas, invente-le !””, me confie Justine.
En se concentrant sur les agriculteurs seniors afin de préserver et de transmettre les savoirs et les traditions qui risquent de disparaître avec le temps, Justine souligne les défis sociétaux auxquels ces agriculteurs ont été confrontés. Elle précise que son blog ne vise pas à véhiculer un message politique, mais plutôt à partager une multitude de témoignages illustrant l’adaptation constante de ce métier aux évolutions sociales et sociétales pour sa survie.
Simplification des réglementations, soutien financier, lutte contre la concurrence déloyale, prix équitables, les revendications des agriculteurs sont nombreuses. Parmi les personnes interrogées par Justine pour La Popote à Pépé, ces problématiques reviennent fréquemment. Un sujet revient en particulier : le manque d’héritiers ! La Popote à Pépé témoigne d’un monde qui est, peut-être, en train de disparaître…
Une série web comme un hommage au monde agricole
Amoureuse du terroir et des anciens, Justine a réalisé une websérie que je vous invite vivement à découvrir pour plonger dans un monde agricole bientôt révolu !
Avec le 1er épisode, nous rencontrons Jack, éleveur dans le Lot-et-Garonne depuis près de 60 ans. « Ça n’a rien à voir avec ce que j’ai connu, » répond Jack lorsque Justine lui demande de parler de la vie à la campagne. « Le modernisme, c’est l’horreur, » ajoute-t-il. « Ça n’a apporté que des emmerdements, que des contraintes, que des contrôles, que des obligations. » Il souligne avoir vécu une vie précaire mais heureuse aux côtés de sa femme Lydie, loin des contraintes de la richesse.
Le deuxième épisode nous emmène dans l’Aude, terre natale de Justine, pour découvrir Jeannot et Jean-Pierre, céréaliers de père en fils. Jeannot raconte l’évolution de ses récoltes, qui à l’époque se faisaient avec des bœufs, pas assez rapides selon lui. « On a formé des coopératives et on leur faisait confiance. Elles étaient plus petites et mieux gérées à mon avis, » dit Jeannot. « On faisait confiance à la coopérative pour vendre les produits. Il n’y avait pas de trafic comme maintenant. La finance s’en est mêlée et on ne sait plus où on en est. » Jean-Pierre, n’ayant jamais pu rencontrer l’âme sœur, a dû prendre sa retraite quelques années après la série faute de descendants.
Les deux derniers épisodes de la série présentent des agriculteurs à la retraite. Le premier à Chalabre, dans la ferme de Christiane et Joseph, un couple d’agriculteurs, et le dernier chez les trufficulteurs René, Yves et Jean-Claude. « On vivait avec ce qu’on avait. On avait des œufs, on avait des poules, on avait de tout, » témoigne Christiane. « Au début, ça a été dur pour nous, mais bon, on y est arrivés. » Opéré du genou, Joseph a préféré se retirer avec sa femme et transformer son terrain en fermage. Le trio de trufficulteurs a, quant à lui, terminé en beauté avec leur fameuse recette de l’omelette à la truffe.
Justine me confie malheureusement que la plupart des personnes qu’elle a interviewées pour sa série web et ses articles sont désormais décédées. La Popote à Pépé devient alors une trace de la mémoire des traditions révolues, des patrimoines gastronomiques qui n’existent vraisemblablement plus, des savoir-faire artisanaux qui n’ont pas été transmis, mais surtout d’une histoire qui perdurera dans les mémoires, mais pas dans les champs !
Regardez les 4 épisodes via ce lien : https://www.lapopoteapepe.com/